La problématique de Joseph A. Schumpeter : de la dynamique de la nouveauté à la théorie générale du capitalisme : Recherches en philosophie économique - STAR - Dépôt national des thèses électroniques Accéder directement au contenu
Thèse Année : 2021

Joseph A. Schumpeter's question : from the dynamics of novelty to the general theory of capitalism : An inquiry in economic philosophy

La problématique de Joseph A. Schumpeter : de la dynamique de la nouveauté à la théorie générale du capitalisme : Recherches en philosophie économique

Résumé

This dissertation reconstructs the general theory of capitalism present in the work of Joseph A. Schumpeter. By “general theory” we mean a theoretical framework able to grasp capitalism as a total phenomenon, that is to say in its economic, institutional and cultural dimension. However, this dissertation demonstrates that the general theory is, in fact, only an application to economics of a larger philosophical problem: the dynamics of novelty. The first part of the dissertation presents Schumpeter’s epistemological and methodological positions in order to address its critic by means of economic philosophy (chapter 1). Thus, we take the opposite of the Schumpeterian method which consists in separating economic analysis from philosophy, by considering on the contrary that the latter perseveres in the former. Schumpeter’s economic philosophy is located within his analytical and theoretical apparatus. Schumpeter frames a question of novelty which makes it possible to unify his work by giving it coherence (chapter 2). The second part reconstructs the general theory of capitalism using the tools of the history of economic thought. The circular flow constitutes the foundation of the Schumpeterian edifice and is inherited from the Walrasian general equilibrium. We show that the circular flow is a conceptual representation of the essence of economic activities (Chapter 3) that exist in any human society and thus persist in capitalism. However, Schumpeter’s major contribution consists in the construction of a dynamic branch of economics capable of grasping the phenomena left unexplained by the static apparatus (profit, capital, credit, interest, cycles, etc.) (Chapter 4). Schumpeter unfolds a three-dimensional definition of capitalism understood, first, as a form or method of economic change, by which innovations and entrepreneurs cause the disruption of the circular flow. Capitalism is, secondly, an institutional order made of private ownership of the means of production, private initiative for private profit, and the phenomenon of credit (Chapter 5). Third, capitalism creates a “civilization”, that is to say a set of values, beliefs, collective representations, generated by the upheaval of economic structures (chapter 6). Schumpeter is influenced by many authors: Walras, Marx, Quesnay, Lévy-Bruhl, Say, Cantillon, etc.; and is involved in the intellectual networks of his time: Weber, Wieser, Hayek, Frisch, Lederer, Galbraith, Samuelson, etc. The third part of this dissertation investigates the philosophical substrates of the general theory. Indeed, Schumpeter fails to provide a satisfactory economic explanation for the emergence of innovations. This aporia shows the Nietzschean (chapter 7) and Darwinian (chapter 8) philosophical substrates which infuse the general theory. Schumpeter has an elitist and organic conception of capitalism. However, the tensions within economic philosophy allow us to see that Schumpeter develop s a general explanatory framework of novelty usable for all spheres of social life and whose general theory appears to be an application to economics (Chapter 9). Our thesis offers an original key that opens a new door to Schumpeter’s work. Our approach in economic philosophy reveals new study perspectives in the history of economic thought and reiterates the importance of studying capitalism as a total phenomenon and of understanding the coevolution of the economic, institutional, and cultural responses of capitalism induced by the constant irruption of novelties.
Cette thèse propose de reconstruire la théorie générale du capitalisme présente dans l’œuvre de Joseph A. Schumpeter. Nous entendons par « théorie générale » une grille de lecture explicative capable de saisir le capitalisme comme un phénomène total, c’est-à-dire dans sa dimension économique, institutionnelle et culturelle. Toutefois, notre thèse vise à démontrer que la théorie générale n’est en fait qu’une application à l’économie d’une problématique philosophique plus large : la dynamique de la nouveauté. La première partie de la thèse propose une reconstruction des positions épistémologiques et méthodologiques de Schumpeter en vue d’en proposer une critique à l’aide de la philosophie économique (chap. 1). Ainsi, nous prenons le contre-pied de la méthode schumpétérienne qui consiste à séparer l’analyse économique de la philosophie, en considérant au contraire que la seconde perdure dans la première. La philosophie économique de Schumpeter se trouve logée dans ses développements analytiques et théoriques. Nous démontrons ainsi qu’il existe une problématique de la nouveauté qui permet d’unifier l’œuvre de Schumpeter en lui donnant une direction (chap. 2). La deuxième partie reconstruit, à l’aide des outils de l’histoire de la pensée économique, la théorie générale du capitalisme. La fondation sur laquelle l’édifice schumpétérien repose est le circuit statique, hérité de l’équilibre général walrasien. Nous montrons que le circuit statique est une représentation conceptuelle de l’essence des activités économiques (chap. 3) qui existent dans toute société humaine et persévèrent ainsi dans le capitalisme. Toutefois, l’apport majeur de Schumpeter consiste à proposer une branche dynamique à la science économique capable de saisir les phénomènes laissés inexpliqués par la statique (profit, capital, crédit, intérêt, cycles) et ainsi concevoir le capitalisme sous la forme d’une évolution économique (chap. 4). Schumpeter déploie une définition tr idimensionnelle du capitalisme entendu, premièrement, comme une méthode ou forme du changement économique, par laquelle les innovations et les entrepreneurs provoquent le déséquilibrage du circuit statique. Le capitalisme est, deuxièmement, un ordre institutionnel s’articulant autour de la propriété privée des moyens de production, de l’initiative privée en vue de profits privés et du phénomène du crédit (chap. 5). Troisièmement, le capitalisme déploie une civilisation, c’est-à-dire un ensemble de valeurs, de croyances, de représentations collectives, engendrées par le bouleversement des structures économiques (chap. 6). Schumpeter est influencé par de nombreux auteurs : Walras, Marx, Quesnay, Lévy-Bruhl, Say, Cantillon, etc. ; et inscrit dans les réseaux intellectuels de son temps : Weber, Wieser, Hayek, Frisch, Lederer, Galbraith, Samuelson, etc. La troisième partie mène une enquête sur les substrats philosophiques de la théorie générale. En effet, Schumpeter ne parvient pas à fou rnir une explication économique satisfaisante de l’apparition des innovations. Cette aporie donne à voir les substrats philosophiques nietzschéens (chap. 7) et darwiniens (chap. 8) qui infusent la théorie générale. Schumpeter déploie ainsi une conception élitiste et biologisante du capitalisme. Toutefois, les tensions au sein de la philosophie économique permettent de voir que Schumpeter déploie un cadre explicatif général de la nouveauté valable pour toutes les sphères de la vie sociale et dont la théorie générale apparaît comme une application à l’économie (chap. 9). Notre thèse propose ainsi une clé de lecture originale qui permet d’ouvrir une nouvelle porte d’entrée à l’œuvre de Schumpeter. Notre démarche en philosophie économique permet d’ouvrir des perspectives d’étude renouvelée en histoire de la pensée économique et d’appréhender l’évolution des réponses économiques, institutionnelles et culturelles déployées par le capitalisme face à l’irruption constante de nouveautés.
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Origine : Version validée par le jury (STAR)

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  • HAL Id : tel-04112761 , version 1

Citer

Tristan Velardo. La problématique de Joseph A. Schumpeter : de la dynamique de la nouveauté à la théorie générale du capitalisme : Recherches en philosophie économique. Economies et finances. Université de Lille, 2021. Français. ⟨NNT : 2021LILUA030⟩. ⟨tel-04112761⟩
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